Halitrad'

Amalica venait tous les soirs grignotter un pain sur mes racines en me racontant sa journée. Elle avait une petite vie paisible. Au début elle me parlait de ses parents, qui se chicanaient, puis elle est venue pleurer la mort de son père qui a été tué par des brigands. À chaque jour qui passait, je devenait de plus en plus capable de la comprendre. Je devenais conscient.

Puis, elle est partie. Er yen er re. Elle est revenue déjà bien adulte et m'a raconté sa vie. J'ai pleuré avec elle, ris avec elle. J'ai accepté la vie qui m'était offerte. J'ai accepté la curiosité et j'ai accepté les émotions. J'ai accepté la faim et la soif.

Puis, er yen er re je me suis mis à marcher. Je me suis caché mais elle m'a vu et m'a fuit. Je l'ai retrouvée morte de vieillesse dans son lit. Ne sachant trop comment remercier cette femme de m'avoir donné mon souffle, je l'ai enterré là où mes racines s'étendaient auparavant, et je lui ai fait une tombe sculptée dans mes branches.

Je ne souhaite désormais qu'une chose pour elle, qu'elle aie la même chance que moi, de découvrir la vie en n'ayant plus à passer par les malheurs de la vie humaine. En grimpant vers le ciel, en nichant les oiseaux, en respirant en communion avec la forêt et la terre. En recevant à ses racines les histoires d'un enfant qui ne veut que partager.

Faisant de mon berceau sa tombe, je me suis donc lancé à la découverte de la vie.

Er yen er re, Amalica. Er yen er re, Vertalia...